L’enquête
https://2015.datajournalismelab.fr/jeunes-refroidis-par-facture-energie
Notre sujet
Vous enfilez trois pulls car vous avez du mal à vous chauffer ? Votre logement est un vrai gruyère l’hiver ? Vos radiateurs sont ce qu’on appelle plus communément de bons vieux grille-pains ? Bravo, vous faites partie des 20% de la population française en situation de précarité énergétique !
Chez les jeunes, ils seraient 25% en situation de précarité énergétique, selon une étude de l’Insee.
On pourrait penser qu’ils sont “logiquement” les plus touchés par ce phénomène simplement à cause de leurs revenus. Mais nos recherches ont vite montré que les facteurs étaient bien plus nombreux.
Insee, ton univers impitoyable
Notre épopée dans le monde de la précarité énergétique a débuté – mais s’est aussi achevée – avec l’Insee (l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques pour les néophytes).
Nous avons utilisé leur base de données sur la précarité énergétique de 2015, le recensement sur le logement 2011, l’enquête logement 2006, et l’enquête budget famille de 2011.
Pour accéder au maximum de données possible, nous avons dû signer des contrats de confidentialité (et de confiance), signés également par le directeur de l’école et postés (à l’ancienne). Toutes les données sont donc issues de l’Insee. Enfin presque.
Nous nous sommes constitué nos propres bases de données sur le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique), les types de chauffage et de combustibles grâce au site de l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) qui n’a pas le bon goût de pratiquer l’ouverture de ses données afin de les rendre accessibles aux internautes.
Et il a ensuite fallu nous créer une autre base de données pour comparer les prix de la location en France via le site cotation-immobiliere.fr.
Un vrai régal tous ces tableurs engrangés à l’aide de Google Spreadsheet.
Tri, analyse et autres filtres
Après avoir récolté toutes ces données, le temps du tri est arrivé. Nous nous sommes vite confrontées à un problème : la taille de nos tableurs. Google Sheets nous a vite laissé tomber. Aussi vite que LibreOffice, Excel ou encore Numbers. C’est finalement SPSS qui nous a sauvé la mise.
Une fois les bases de données ouvertes, il a fallu élaguer toutes les informations qui ne nous intéressaient pas, avec du temps et de la patience (beaucoup de patience).
Nous avons pris le parti de nous concentrer sur les 12 plus grandes urbaines de France, là où les jeunes de moins de trente ans résident majoritairement.
La première chose à faire à donc été de définir ces aires urbaines et d’appliquer ces filtres sur toutes les données. Il a fallu le faire ensuite en fonction de l’âge pour isoler la classe des moins de trente ans.
L’analyse a permis de mettre en évidence les écarts entre les villes et les tranches d’âge en matière de revenus, d’activité, de logement (coût de la location, DPE, moyen de chauffage, combustible) et rapport au froid.
De la documentation poussée
Plusieurs recherches de documentation ont été faites à propos des tarifs de gaz et d’électricité, des aides publiques locales et nationales. Nous avons aussi consulté le rapport final du CNRS à propos de la consommation des ménages en énergie de 2011 et celui de Sciences Po d’avril 2015 « La précarité énergétique face au défi des données ».
“Allô ? On fait quoi pour les jeunes ?”
L’enquête de terrain nous a conduites à entrer en contact avec Martin Cohen, chef de projets Énergie-Climat ICE à Burgeap, pour en apprendre plus sur les facteurs qui rendent d’autant plus les jeunes précaires énergétiquement parlant.
Un rendez-vous a également été pris avec Nathalie Duviella, chef de projets Énergie et Habitat chez Creaq (Centre Régional d’Éco-énergétique d’Aquitaine) pour parler des solutions à apporter aux logements.
Nous nous sommes aussi confrontées aux affres des services presse d’Engie et du Conseil régional d’Aquitaine qui se sont contentés de nous transmettre leurs communiqués de presse… mais aucun jeu de données pertinent.
Enfin, nous avons passé plusieurs appels plus ou moins fructueux à l’Institut CSA, au Médiateur national de l’énergie et à Énergie-Info.
Quelques jeunes vivant dans différentes aires urbaines de France ont été sollicités pour répondre à un bref questionnaire sur leur logement, leur facture d’électricité et leur rapport au froid.
1, 2, 3… Visualisez !
Lorsqu’il a fallu passer à l’étape de la visualisation, nous avons essayé différents sites d’infographies. Notre choix s’est posé finalement sur Datawrapper pour la sobriété et l’interactivité des visualisations.
Nous avons complété le tout avec une infographie faite-maison sur Illustrator et une story map qui met en évidence le rapport au froid en nous baladant d’aire urbaine en aire urbaine.
Bonne lecture !