Notre idée d’origine était de comparer l’évolution des dépenses de la mairie bordelaise en matière environnementale depuis son retour du Québec et ses déclarations volontaristes sur l’écologie, d’analyser si ce montant avait augmenté ou, au contraire, diminué pour comprendre quelle était l’importance de l’environnement dans la politique publique de l’homme qui voulait devenir président.
Nous souhaitions aussi faire un retour historique sur les grandes dépenses de la mairie en matière de développement durable depuis que Juppé est au commande.
L’enquête
https://2015.datajournalismelab.fr/alain-juppe-a-t-il-mis-bordeaux-au-vert
Les sources : du budget aux engagements
Après analyse, les seules bases de données accessibles sur le site de la ville concernant les budgets étaient trop peu détaillées pour comprendre avec précision quelles dépenses pouvaient être considérées comme « vertes ». De plus, un montant en euro ne signifie pas forcément qu’une mesure est efficace ou non.
Nous nous sommes alors tournés vers l’idée de nous fonder sur la réputation « écolo » d’Alain Juppé pour vérifier si les mesures que la mairie bordelaise s’était engagée à prendre dans le cadre de l’Agenda 21 signé en 2008 avaient été respectées.
Là encore, nous avons rencontré des problèmes pour trouver et recueillir nos données :
– L’absence sur internet du document initial de la signature de l’Agenda 21. Sans objectifs initiaux, comment savoir si ceux-ci ont été tenus ?
– Les bilans n’existent pas sous forme de tableurs exploitables. Il a donc fallu éplucher la totalité des documents pour relever les mesures phares et en retirer les chiffres.
– Après avoir eu accès aux bilans successifs par année, nous nous sommes rendus compte que beaucoup d’engagements ne comportaient tout simplement pas d’indicateurs chiffrés pour valider ou non la tenue d’un engagement. A titre d’exemple : la volonté d’augmenter la part modale du vélo au lieu de l’augmenter de X %.
– Le manque de communication de la mairie sur les indicateurs qui permettaient le suivi des engagements par année. Certains éléments ont été abandonnés en cours de route, d’autres ont vu leurs objectifs changer. Si l’ajointe au maire responsable des espaces verts nous a reçu immédiatement pour échanger sur ses dossiers, elle nous a redirigé vers le délégué au développement durable, Patrick Faucher, « le gardien des chiffres » pour avoir les indicateurs et leurs évolutions. Nous n’avons pas réussi à le contacter.
Les sources documentaires utilisées
Conseil Municipal signature de l’Agenda 21 décembre 2008
bilan-ag21-pcet-2009-2013_eterratum
bilan-ag21-pcet-2009-2013_etpanel
bilan-ag21-pcet-2009-2013-etréaction
Le tableau récapitulatif
Une fois le document initial trouvé et les bilans par année épluchés (il est important de noter que certaines années, la mairie n’a pas livré un bilan complet), il a fallu sélectionner les mesures phares à travers les 260 engagements que comportaient le document initial. Outre l’importance de ces documents pour « l’intérêt général », il fallait encore qu’ils soient exploitables, à savoir qu’ils contiennent un objectif chiffré et que l’engagement initial soit de nouveau mentionné dans la conclusion de l’Agenda 21 en décembre 2014.
Nous nous sommes arrêtés à 10 mesures, réparties dans les différents thèmes qui constituent l’Agenda 21.
Il a fallu ensuite tout placer dans un tableau récapitulatif :
– le nom de l’engagement
– l’objectif chiffré à la fin 2014
– la source
– les points de passage éventuels lors des bilans successifs
– le résultat en 2014 tiré du rapport de conclusion de l’agenda 21 en décembre 2014.
– utiliser un code couleur pour exprimer si l’objectif a été tenu, abandonné en cour de route ou non tenu.
Opposition contre pouvoir en place
Nous avons ensuite décidé de confronter la communication officielle aux résultats.
D’abord passer par la municipalité en rencontrant Magali Fronzes, adjointe au maire en charge de la nature et des espaces verts.
Nous l’avons interrogée sur les bons résultats de la politique relative aux espaces verts de Bordeaux en corrélation avec les engagements de l’Agenda 21 : la baisse de la consommation de l’eau, l’objectif zéro pesticide.
Puis sur l’absence d’indicateurs chiffrés sur certains engagements : l’augmentation de la surface d’espaces verts, le nombre de jardin partagés. Elle a répondu qu’elle ne s’occupait que du volet politique et que la personne en charge des indicateurs était Patrick Faucher, délégué au développement durable, que nous n’avons pas réussi à joindre.
Il fallait enfin avoir l’avis d’opposants sur les initiatives menées par l’équipe de Juppé. Nous sommes allés à la rencontre de Pierre Hurmic et Delphine Jamet, les deux élus EELV qui siègent au conseil municipal. Ainsi, nous avons pu leur montrer les résultats de notre enquête et les faire réagir sur la réussite ou l’échec des engagements ciblés dans notre étude.
Visualisations finales : Article et graphiques
Après avoir rassemblé toutes nos données ainsi que les témoignages des deux parties, venait le moment de mettre en forme nos recherches.
Qu’est ce qui permettrait le mieux de faire comprendre au lecteur la différence entre le discours officiel et les résultats de l’agenda 21 à Bordeaux ?
Nous avons d’abord pensé à un aspect quizz et à demander pour chaque mesure engagée si le lecteur pensait que l’objectif avait été atteint ou non.
Dans beaucoup de cas, l’objectif est atteint (ou pas) mais au cours de nos recherches, nous avons trouvé des éléments qui nuançaient et expliquaient la réussite ou l’échec de la municipalité. Le quizz n’apparaissait donc pas une solution pertinente.
Finalement, un article de forme plus linéraire nous a permis d’apporter les nuances nécessaires à une analyse critique du discours politique d’Alain Juppé.